Notre bande de marginaux favorite a quelque peu changé. Peter Quill, qui pleure toujours la perte de Gamora, doit rassembler son équipe pour défendre l’univers et protéger l’un des siens. En cas d’échec, cette mission pourrait bien marquer la fin des Gardiens tels que nous les connaissons...
Pourquoi c'est (presque) un miracle que le film existe ?
→ Une histoire aussi compliquée que rocambolesque !
Il faut savoir que si LES GARDIENS DE LA GALAXIE est une franchise signée Marvel, c'est surtout le bébé d'un seul homme : James Gunn. Un nom qui ne dira rien au plus grand nombre, mais qui prend une place de plus en plus prégnante dans la pop culture. James (oui on se permet) a débuté dans le cinéma d'horreur à petit budget, en produisant une quantité de séries B, à la frontière du Z (dont une avec notre Edouard Baer national en caméo, ce qui est un sacré Kamoulox). Pour on ne sait quelles raisons, Marvel a été séduite par sa passion pour les personnages marginaux, et lui a confié sans trop d'espoir les rênes de son premier gros budget : LES GARDIENS DE LA GALAXIE. Et là miracle : le film est un gigantesque succès critique et public. Un deuxième opus voit le jour, et tout semble sourire à James. Mais là, c'est le drame !
Une série de tweets à l'humour très douteux, datant des débuts de l'internet, ressurgit. Marvel, qui appartient à Disney, répond de manière aussi immédiate que brutale : elle vire immédiatement James ! Sentant là une opportunité en or d'acquérir un sacré talent, la firme concurrente DC embauche immédiatement James : il réalisera pour eux le deuxième SUICIDE SQUAD et la série PEACEMAKER.
Disney sent rapidement qu'ils ont fait une boulette en laissant partir leur poule aux oeufs d'or : ils décident donc de réembaucher James exceptionnellement, afin qu'il puisse conclure sa trilogie de films GARDIENS DE LA GALAXIE !
Mais ce n'est même pas tout ! Alors que ce 3ème opus s'apprêtait à sortir sur nos écrans, James fut embauché par DC en octobre 2022 en tant que président de la firme ! Il supervisera donc tous les futurs films DC, et réalisera notamment le prochain SUPERMAN.
Bref, c'est un peu comme si Didier Deschamps devenait entraîneur du Real Madrid en pleine Coupe du Monde !
Passionnant tout ça, mais quid du film ?
→ Une franche réussite !
LES GARDIENS DE LA GALAXIE VOL.3 n'a clairement pas à rougir de la comparaison avec ses ainés : c'est un excellent divertissement qui ne prend jamais le spectateur pour un idiot. Le film suit le même schéma que les opus précédents, et tire sa plus grande force d'une galerie de personnages définis par leur imperfection, et tous plus attachants les uns que les autres. Le rythme est impeccable, les effets spéciaux réussis (ce qui devient rare chez les Marvel), et surtout le film fait honneur à la firme après les débâcles que furent SHE-HULK et ANT MAN 3, de sinistre mémoire.
Ce qui fait toute la différence ici, c'est bien la présence d'un auteur derrière la caméra : on sent l'amour que porte James Gunn à ses personnages durant chaque moment. Des êtres cassés, en souffrance, et qui vont trouver le moyen de guérir de leur blessure interne. Ainsi, tous ont droit à un arc narratif distinct, qui trouvera une résolution pas forcément attendue dans un final très puissant, qui a fait salement couler plus d'un nez lors de notre séance !
On peut donc dire que c'est un chef d'œuvre ?
→ Non quand même pas, calmos !
Si le film évite la plupart des écueils des pires Marvel grâce à une écriture en béton, il ne peut totalement se substituer à quelques sales habitudes. La plus coûteuse étant peut-être l'incapacité de la firme à sacrifier ses personnages, ce qui confine un peu au ridicule ici (sans aller plus loin dans le détail, au risque de spoiler). Un certain manque de courage pour faire perdurer la licence à n'importe quel prix, même si LES GARDIENS DE LA GALAXIE VOL.3 est bien le dernier film mettant en scène l'équipe telle qu'on la connaît.
On pourra aussi s'attrister d'une certaine grisaille globale, avec un ciel tout blanc et objectivement moche durant une bonne partie de l'histoire (une sale habitude du réalisateur, qui se regrettait déjà dans son SUICIDE SQUAD).
Enfin, si l'antagoniste est détestable au possible, on pourra regretter le traitement de certains nouveaux personnages annoncés depuis le deuxième opus, comme cet Adam Warlock que le film traine comme un boulet, presque par obligation.
Préparez-vous à faire vos adieux...
Est-ce que le film est pour toute la famille ?
→ Alors prudence...
Le film raconte son histoire en mettant surtout en avant le personnage de Rocket, le raton laveur. On savait que ses origines étaient tragiques, mais cette fois-ci on les découvre dans le détail via une série de flashbacks dont la portée émotionnelle pourra traumatiser les plus jeunes. Rocket faisant partie d'une série d'expériences scientifiques sur les animaux, le film se montre assez cruel et dur envers eux. C'est d'ailleurs un paradoxe au cinéma : on peut supporter la mort de personnages qu'on sait fictifs car joués par des acteurs, mais beaucoup moins celle d'animaux (même si elle est toute aussi fausse).
Signalons aussi la présence d'un plan étonnamment gore lors du final, qui pourra rappeler les débuts de sale gosse de James Gunn dans le cinéma d'horreur. On se demande presque comment Disney a pu laisser passer cela !
Et comment est la BO ?
→ Elle ne déçoit pas non plus !
Les films GARDIENS DE LA GALAXIE accordent une grande importance aux chansons mises en avant : elles sont même intradiégétiques, dans le sens où elles font partie de la narration (et servent d'exutoire au personnage principal, dont le walkman est le dernier souvenir de sa défunte mère). Ici, nous avons encore droit à une nouvelle sélection de tubes sortis tout droit des années 80, et qui risquent bien d'atterrir rapidement dans toutes nos playlists. Mais étonnamment, c'est une chanson des années 2000 qui donne droit à la meilleure scène et à un joli moment de cinéma : un instant d'allégresse pour tous les personnages, qui permet de sortir de la séance avec un immense sourire en tant que spectateur. Merci à James Gunn et à Florence + The Machine pour redonner un peu d'espoir alors que le monde vit une sacrée période trouble : on espère aussi que bientôt, on pourra chanter et danser que le pire est derrière nous, et que les "Dog Days Are Over"...