Jake Sully et Ney'tiri ont formé une famille et font tout pour rester aussi soudés que possible. Ils sont cependant contraints de quitter leur foyer et d'explorer les différentes régions encore mystérieuses de Pandora. Lorsqu'une ancienne menace refait surface, Jake va devoir mener une guerre difficile contre les humains.
Alors, ça donne quoi ?
En préambule, nous faisons partie de ceux pour qui le premier AVATAR répondait à une vraie envie de cinéma : celle de ressentir et de voir de l'inédit. La même sensation qu'on a pu éprouver devant les dinosaures du premier JURASSIC PARK, par exemple (ou, si l'on pousse la comparaison jusqu'au bout, celle qu'ont ressenti les spectateurs de L'ARRIVÉE D'UN TRAIN EN GARE DE LA CIOTAT en 1896). Et quoi qu'on pense de son scénario, AVATAR a bel et bien révolutionné l'industrie cinématographique au niveau des effets visuels : jamais personnage de synthèse n'avait paru aussi photoréaliste et crédible. Le film nous transportait littéralement sur une autre planète, Pandora, à tel point qu'on observa un vrai phénomène de société : des milliers de spectateurs un poil malheureux dans leur vie sont retournés voir le film plusieurs fois par jour pour échapper à leur réalité !
Mais pour autant, tout cela ne suffisait pas à qualifier le film de chef d'œuvre définitif. Voir donc une suite débarquer aussi tardivement n'était donc certainement pas un 'Grand Chelem' couru d'avance...
Et pourtant !! L'adage comme quoi 'il ne faut jamais parier contre James Cameron' se vérifie une fois de plus, pour notre plus grand bonheur de spectateur !
Ainsi, tout le monde lui prédisait que son TITANIC allait être un immense échec. Tout le monde lui certifiait qu'AVATAR n'allait intéresser personne. Tout le monde est sceptique quant à cette suite, qui arrive 13 ans après.
Mais à chaque fois, le bougre (oui, on se permet) parvient à déjouer les attentes négatives, à surprendre et à faire incliner son public devant sa maîtrise totale du médium cinématographique.
A dire vrai, AVATAR : LA VOIE DE L'EAU débute de manière un peu déstabilisante par des images réutilisées du premier volet, et rejoue même certaines répliques du film inaugural ('We're not in Kansas anymore', qui se rapproche dangereusement du fan-service). Un choix cependant nécessaire pour réintroduire comme il se doit le public à cet univers imaginaire, surtout celui qui n'aurait pas remis les pieds sur Pandora depuis 2009. Les autres spectateurs auront donc le sentiment d'être en terrain connu, à ceci près que Cameron redistribue subtilement les cartes en réinjectant dans son récit des personnages qu'on croyait disparu, et avec parfois des liens de parenté pour le moins étonnants. Et c'est bien là le cœur de ce nouveau chapitre : les relations entre ces personnages. Le film parle de la famille dans toute ses formes (nucléaire, recomposée, adoptive...), et pose ces questions : quel est le devoir d'un parent ? Comment doit se comporter un frère ? Un enfant peut-il transmettre à son parent ? Quelle est sa place dans le monde ?
Des thématiques universelles, traitées encore une fois sous l'angle de l'écologie : Cameron est un fervent défenseur de l'environnement, et il se sert une fois de plus de la science-fiction pour alerter sur les dangers de la déforestation, sur les méfaits des chasses aux baleines, et sur l'intérêt de préserver l'écosystème de notre planète.
Il est d'ailleurs amusant de noter que le film prend véritablement son envol... dans les profondeurs ! C'est en effet lorsque l'on découvre le monde aquatique de Pandora que l'émerveillement revient en grande pompe. AVATAR : LA VOIE DE L'EAU révolutionne à sa façon le cinéma, plus précisément dans sa représentation... de l'eau : c'est en fait l'élément le plus compliqué à recréer en image de synthèse, même si beaucoup de films ont essayé (mais ils ont des problèèèèèèmes). Ici, l'eau virtuelle est totalement photoréaliste : les personnages évoluent sur et sous l'eau, ils nagent, plongent, s'éclaboussent... sans qu'à aucun moment notre œil ne soit attiré par un élément qui ne semble pas réel ou crédible. Et face à la magnificence des images qui s'offrent à nous, on peut dire que le pari est réussi.
Cameron peut ainsi laisser libre cours à sa grande passion : la plongée. Il dépeint avec cette suite tout un monde aquatique absolument grandiose, dont la beauté picturale donnera un petit sourire en coin au plus sceptique des spectateurs (Bernard, c'est de toi qu'on parle !). D'ailleurs, on vantait ici-même il y a à peine un mois la réussite d'un BLACK PANTHER : WAKANDA FOREVER, qui présentait également un environnement aquatique inédit. La comparaison s'arrêtera là, tant les films ne jouent définitivement pas dans la même cour pour ce qui est du spectacle. Cet AVATAR est un enchantement de tous les instants, et à ce titre on ne peut que vous encourager à le découvrir sur le plus grand écran possible en 3D ! On se rappelle tous de celle du premier film (quoique, certains se souviennent surtout de la fameuse pub Haribo...), et hélas elle a depuis peu à peu déserté nos écrans suite à des conversions décevantes. Mais le boss de la 3D est bel et bien de retour : ce nouveau chapitre DOIT se voir en relief, puisqu'il a été pensé de cette manière dans sa réalisation, et qu'il se montre beaucoup plus généreux que son prédécesseur dans la profondeur et dans les jaillissements. Chaque scène qui se passe sous l'eau est comme un grand huit sensoriel en 3D, et donne vraiment l'impression de nager aux côtés des personnages.
On est donc rassuré de voir que l'aspect technique est à la hauteur des attentes (voire les dépasse, soyons fous !). Maintenant, admettons avec objectivité que le film ne gagnera probablement pas d'Oscar pour son scénario, et encore moins pour ses dialogues. Cependant, il a le mérite de construire sa narration majoritairement par l'image, et de se concentrer sur l'approfondissement de sa thématique familiale. Mais loin d'être pour autant un film infantile, AVATAR : LA VOIE DE L'EAU fait preuve de beaucoup de maturité dans son développement, et il s'agit bien là d'un cinéma sensitif adulte (à ce titre, le degré de violence représenté est parfois surprenant voire belliqueux, avec des ennemis qui se font démembrer à l'écran).
Citons enfin la grande habitude de Cameron : le triple climax, qu'il met ici en scène sur toute la demi-heure finale. Un crescendo gorgé d'action à couper le souffle, où le réalisateur reprend des mises en place déjà utilisées dans ses ALIENS, ABYSS, TITANIC et AVATAR, pour mieux les tordre et les adapter à son nouvel environnement. Loin de n'être qu'une démo technique, ce dénouement explosif et émotionnel permet surtout à tous les personnages d'accomplir leur arc narratif et d'évoluer, d'une façon ou d'une autre. En joignant l'intime et le grandiose, James Cameron prouve une fois de plus (comme s'il le fallait encore) qu'il est avant tout un conteur hors-pair.
On vous prévient : votre rétine risque bien d'éclater !
Avec cette suite centrée sur la famille et la notion de transmission, James Cameron nous offre peut-être le plus beau des cadeaux de Noël.
Un régal visuel total, à découvrir impérativement en 3D, et qui permet de redonner ses lettres de noblesse au grand cinéma de divertissement, tant entaché ces dernières années par des blockbusters sans âme.
Que ça fait du bien d'être émerveillé à nouveau !